Il est 8:25 AM, un dimanche matin, en plein cœur du centre-ville de Montréal.
C’est un matin gris où franchement, on n’a pas trop envie de sortir de la maison. Avec un peu de courage je suis sortie de chez moi et me voilà assise sur une chaise tout au fond d’une salle de réception du Reine-Élizabeth, avec mon café pour emporter et les yeux encore fatigués. Aucune table dans la salle, seulement quelques dizaines de chaises le long des murs, 5 ou 6 mamans comme moi assises de part et d’autre, et un grand plancher de danse au milieu. La salle se remplit rapidement d’ados et de jeunes adultes, tous sourires, bouteilles d’eau à la main. Certains sont tellement stylés que je croirais assister à un défilé de streetwear à New York, tandis que d’autres semblent bien heureux de porter leur fameux jogging gris et hoodie, tout simplement. Ils sont beaux, surtout par leur diversité. Malgré le fait qu’ils ont déjà dansé leur vie à fond toute la journée hier, et la présence de certains au showcase du soir qui s’est terminé à plus de 23h, ils sont prêts à se dépasser physiquement et mentalement pendant un autre 8h de temps. Je suis déjà impressionnée, charmée, juste par le simple fait qu’ils soient tous de retour ce matin, aux aurores.
À l’avant de la salle, sur une scène, un jeune homme monte avec son casque-micro. Et c’est parti pour le warm up du matin! L’ambiance commence à s’échauffer et le premier (célèbre) chorégraphe fraîchement débarqué de Los Angeles s’amène. Il enseigne quelques moves complexes qu’il décortique, avant de faire jouer la musique de sa chorégraphie. Tous les jeunes se mettent à crier leur excitation, et s’efforcent de reprendre les pas appris sur cette toune qui leur fait de toute évidence vraiment plaisir! C’est magnifique de les voir aller ensemble. Les frissons nous traverse le corps tellement leur énergie est palpable. J’observe attentivement ce qui se déroule devant mes yeux, et je suis éblouie. Je fond littéralement pour toute cette génération, ou du moins de toute cette communauté, si diversifiée et engagée. Je les trouve si travaillants, courageux, déterminés. Je me sens privilégiée d’être là, témoin de leur force de caractère, de leur persévérance et du respect qu’ils ont les uns pour les autres. Ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et veulent se dépasser individuellement, tout en encourageant sans retenue tous les autres danseurs présents. Ils sont en symbiose. Ça se voit, ça se ressens, ça s’entend. À la pause, le chorégraphe prend le temps de s’assoir sur le bord de la scène et donne quelques conseils sur la préparation mentale et la gestion de l’anxiété de performance. Il remercie tout le monde de leur présence, visiblement humble et plein de gratitude (Petite pause réflexion ici. N’est-ce pas à ça que la société devrait ressembler?? C’est absolument magnifique, avouons le). Les jeunes ont 5 minutes pour boire un peu d’eau, respirer et avaler une collation. Certains changent leur t-shirt, déjà trempé de sueur. Le prochain chorégraphe arrive. Une nouvelle classe commence et tous s’y mettent avec autant d’énergie.
La journée défile à ce rythme jusqu’à 17h.
L’ambiance de la dernière heure d’un weekend intense comme celui-là est impossible à décrire. J’imagine qu’on doit ressentir ça les derniers km d’un marathon. Le corps doit vouloir désespérément s’arrêter, mais chaque nouvelle seconde, c’est le cœur qui l’emporte. La passion. Décidément, je suis en admiration. Je les aime, tous. Comme si c’était tous les miens. Même ceux que je ne connais pas personnellement. Il y en a parmi eux que je vois évoluer depuis qu’ils sont tout-petits. La présence de chacun d’entre eux contribue à l’existence et le maintien de cette communauté absolument magique. Je me trouve privilégiée d’être une maman de 2 danseurs, et de faire partie activement de leur parcours. Je me demande si eux, tous ces jeunes en face de moi, se rendent compte de ce qu’ils vivent et que c’est aussi précieux…
Ça fait plus de 15 ans que je me sens choyée de voir mes enfants s’épanouir avec la danse. Et bien qu’à chaque spectacle, compétition ou convention auxquels nous étions présents, j’aie pu ressentir une magie dans l’air et une profonde gratitude d’avoir la chance de vivre ces moments, c’est lors de ce weekend-là que j’ai réalisé l’ampleur de l’amour que j’ai pour ce qui est à mes yeux une des plus belles communautés de jeunes qui soit, mes chers « danseurs ».
Probablement que les Hockey Mom, Soccer Mom, et toutes autres mères de sportifs de haut niveau, ont elles aussi des histoires similaires à raconter. Des histoires émotionnellement marquantes, de jeunes qui partagent et poursuivent une passion commune. Mais la danse est en réalité un art, ajoutant à mon avis, une dimension toute particulière qui a le pouvoir d’atteindre le cœur des émotions et de nous transporter dans des univers inimaginables. Même si la danse, ou toute autre activité sportive, représentera pour la plupart un simple passage de quelques années privilégiées, ils collectent tous des souvenirs indescriptibles, des liens précieux et des apprentissages qui vont bien au-delà du sport (et de l’art!), et qui perdurent toute une vie.
S’impliquer (à juste mesure) dans les activités sportives ou artistiques de notre enfant comporte peut-être son lot de défis, mais c’est aussi une source immense de joies et de bonheur! C’est une des meilleures façon de passer du temps de qualité avec son enfant. On apprend à le découvrir sous de multiples facettes et on développe une relation exceptionnelle.
La cerise sur le gâteau, c’est que l’esprit de communauté ne se développe pas seulement entre les jeunes danseurs. Plusieurs parents tissent aussi des liens tout particuliers entre eux. Le partage des joies intenses et des déceptions amères, ou la compréhension mutuelle de la fierté omniprésente qui nous habite, mettent la table au développement d’amitiés profondes. On se soutient. On se comprend. Entre nous, nous savons bien qu’il s’agit beaucoup plus que d’accompagner et supporter notre enfant dans SES activités… C’est aussi un précieux cercle social pour nous-mêmes. Les weekends passés en compétition ou en convention ne sont pas que des sacrifices, ils sont une occasion de retrouver des gens qu’on aime. Parents et enfants. On devient une famille.
Pour immortaliser cette ère fascinante de maman de la danse pour laquelle j’éprouve une éternelle gratitude, j’ai envie d’agrandir la famille et de réunir le plus de Dance Mom possible. Confortablement installées, avec notre café préféré en main, j’ai envie qu’on prenne le temps d’apprécier ce qui se passe. Parce qu’il a moyen de transformer le discours de “sacrifices”, qui est source de stress et de culpabilité, en choix de vie où on célèbre nos exploits et où on se sent complète. Cette période précieuse est une occasion de vivre les plus belles expériences humaines qui soient, en famille et en communauté. Deux valeurs extraordinaires de la vie.
Bienvenue chez vous, au DanceMomCafé.
*Dédicace toute particulière à mes Dance Moms Préférées, celles qui auront marqué nos vies et contribué à créer de merveilleux souvenirs si inoubliables, parmi les plus beaux de toute ma vie.
Annie Pratte, Marie-Eve Caza, Caroline Dumas, Nadyne Chénier, Mélanie Rivest, Anik Morisette, Maud Lapointe, Jannick Caron, Annie Tousignant, Mélanie Dumas, Christine Villandre. Big Love!